Article 22 : A 50 ans, j’ai pris ma retraite, la suite…

Publié le par Meggy de Génissieux

Article 22 : A 50 ans, j’ai pris ma retraite, la suite…

Aux archives !

Il avait alors fait visiter nos bureaux à un nouveau directeur général des services, et s'était joyeusement exclamé, en me présentant ainsi que ma collaboratrice "Ici ce sont les archives !". Pas un mot sur les 2 archives transparentes mais néanmoins vivantes qui se trouvaient devant lui…

Voilà, c'était en 2002, j'avais 38 ans et j'étais une archive !

 "Le mot archive(s) désigne de manière générale le lieu et la procédure de stockage d'information" (source Wikipédia)

Nous étions donc, ma collègue et moi, un lieu et une procédure de stockage d'informations. Certes nous étions un peu la mémoire, et bien vivante puisque nous écrivions le futur tout en essayant de déchiffrer le passé dans cette équipe, mais tout de même, nous étions avant tout des personnes, des femmes, et quand bien même ce projet transcendait l'humain, nous avions droit à plus d'humanité.

Nous avions longuement échangé ce jour-là sur cette façon de se conduire de notre chef, et je pense que nous avions été bien peu productives.

J'étais, pour ma part, écœurée, déçue, blasée et très en colère à la suite de cette visite et bien décidée à avancer dans la vie. J'ai bien tenté d'avertir ma hiérarchie sur la façon dont ce chef s'était conduit, mais n'ai malheureusement pas été entendue, comme c'est souvent le cas dans les structures.

Mon travail quotidien devenait de plus en plus pesant parce que routinier et sans saveur, inconsistant et je découvrais pour la première fois de ma carrière, ce qu'était l'ennui au travail. Etant très organisée, je travaillais rapidement, mais je travaillais aussi rapidement pour évacuer le travail que je n'aimais pas faire, espérant toujours avoir mieux à faire. Il m'arrivait aussi parfois de diluer les tâches que j'avais prévu d'effectuer dans la journée, de les étaler, pour éviter de m'ennuyer trop tôt. Or cette pépite, ce dossier important, consistant, cette mission valorisante n'arrivait jamais.

Je me suis donc mise à bâcler mon travail, et à faire des erreurs (surtout dans les chiffres où je n'ai jamais été très performante). Je sabotais peu à peu mon propre travail, (inconsciemment au début) tout cela parce que je perdais l'intérêt pour les tâches que je devais exécuter. Mon travail n'était pas valorisé, et je n'étais pas suffisamment valorisée. Je me rappelle d'ailleurs d'un entretien d'évaluation annuel (de mon travail), qui avait duré quatre heures (soit le double de la moyenne raisonnable), pendant lesquelles mon supérieur hiérarchique avait balayé mes petites âneries, et durant lequel je m'étais ennuyée. Alors que j'essayais de lui glisser que j'avais besoin de consistance dans mon travail, il m'avait exaspérée à s'attacher à des broutilles, n'entendant pas l'appel à l'aide que je lui adressais, ne voyant pas que j'avais envie de donner davantage à ce merveilleux projet sur lequel nous travaillions.

13 ans en CDI puis 3 ans en CDD, c'est le monde à l'envers parfois dans la Fonction Publique ! (chers lecteurs, ne cherchez pas d'erreur dans l'ordre des choses…)

Dans le même temps où l'ennui au travail s'installait, j'ai dû faire face à une difficulté liée à mon statut. En effet, j'étais rentrée 13 ans plus tôt, grâce à une subtile feinte de ceux qui m'avaient recrutée, pour répondre à l'urgence d'un remplacement, et étais restée sur ce statut précaire et incertain durant toutes ces années.

Oui, dans les entreprises privées, cela ne pourrait pas arriver, car ce serait considéré par le droit du travail comme illégal. Et bien à moi c'est arrivé dans la fonction publique. J'occupais un emploi caractérisé "Cabinet" (c'est-à-dire un emploi éjectable à chaque renouvellement électoral) une fantaisie qui avait permis mon recrutement rapide (hors circuit du concours qui prend une plombe) et dont je ne connaissais pas les conséquences à l'époque, moi jeune débutante. C'était donc normalement, un statut précaire. J'aurais dû être "virée" lors de chaque élection de l'exécutif, mais tout le monde m'a oubliée, pendant 13 ans, jusqu'à ce que le Chambre régionale des comptes (comprendre un organisme de contrôle des finances des Collectivités Locales) découvre le pot aux roses.

J'ai alors été licenciée, tout à fait légalement ou illégalement, selon le côté où l'on se trouve, avant d'être réembauchée, sur le même poste tout à fait légalement ou illégalement, selon là encore la place que l'on occupe, pour une petite période de 3 ans. Incroyable n'est-ce pas ? J'avais choisi de ne pas aller au procès, pour préserver ma future carrière de fonctionnaire. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de préparer mon 1er concours… de cadre (tant qu'à faire !).

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