Article 27 : Le secret... chut !

Publié le par Meggy de Génissieux

Article 27 : Le secret... chut !

Ça y est ! elle l’a fait ! Cela lui pris des années, des à années à rêver, à voir la scène, l’appréhender, la vivre, souvent parcourue de mille frissons. Un fantasme qui l’avait bercée si longtemps.  Comment pourrait-elle vivre sans à l’avenir, s’était-elle demandée après.

Elle avait pourtant bien essayé de résister, se disant que ce n’était pas raisonnable, en vain. Souvent le soir, en s’endormant, le passage à l’acte l’obsédait. Ce serait douloureux, c’était presque certain, mais jouissif à la fois. Ah comme l’Homme est complexe ! Quant tout est fait pour diminuer, voir supprimer la douleur, l’Homme s’en recréé sous forme de rites initiatiques, rites d’ado, coutumes tribales… Et puis un jour, sans en connaître la raison, imaginer l’acte ne l’a plus contentée. Il fallait qu’elle le fasse, qu’elle le vive. Le caprice l’emporta sur la raison. Elle a organisé le rendez-vous avec cet évènement, qui allait faire d’elle quelqu’un de très spécial. C’était certainement ce qu’elle recherchait. Etre différente des autres. Ce jour-là, elle n’a rien dit à personne, redoutant la réaction de son entourage. Elle s’est rendue à son travail, comme chaque jour, envahie par une fièvre, dans un état d’ivresse qu’elle avait rarement connu. Elle a dû jouer la comédie, faire semblant d’être comme les autres ce jour là, avec ses collègues de travail. Surtout ne pas aborder le sujet, ne pas expliquer, ni justifier son geste à quiconque. Elle ne connaissait personne qui l’aurait comprise. Elle  ne voulait recevoir de leçon de morale de personne. Rester libre jusqu’au bout, d’accomplir ce geste, de se prouver qu’elle en était capable. Préserver son secret à tout prix. Elle n’avait jamais réellement fait d’écart dans sa petite vie de quadra bien rangé, trop occupée à être parfaite, comme tout le monde, sans le savoir vraiment. A la fin de sa journée de travail, où elle s’était beaucoup ennuyée, elle avait repris sa petite voiture et s’était mise en chemin. Elle était morte de trouille, et curieusement c’était quand même délicieux. Rien d’autre ne comptait, c’était comme une obsession. Elle ne cessait de se conditionner, d’imaginer la scène, se disant qu’elle faisait le bon choix, que tout se passerait bien. Et pourtant, elle savait que l’acte n’était pas complètement anodin.  Elle le redoutait, tout en l’attendant avec impatience. Elle n’en dira pas davantage et  peut-être emmènera-t-elle son secret dans la tombe, ou ailleurs…mais elle l’a fait. L’acte était accompli, comme après un long accouchement, après des heures et des jours de préparation et de conditionnement. Elle ne l’a jamais regretté et en est très fière aujourd’hui.

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