Article 43 : Journal d'une confinée... suite

5^ème jour au paradis (22 février) :

Nous nous réveillons moins la nuit, mais à 4 H 30 nous j'étais réveillée, puis à 5H 30, nous nous sommes levés tous les 2. Que faire à cette heure-ci quand on ne peut même pas aller bricoler dans le jardin, faire un brin de vaisselle, de cuisine, du rangement, et même un peu de ménage (même si je ne suis pas une fan de ménage !). L'avantage c'est que nous pourrions voir le soleil se lever, s'il n'y avait pas tous ces nuages.

Nous avons pris notre avant petit-déjeuner, un nouveau concept pour celles et ceux qui se lèvent tôt. 2 œufs, 1 jus de fruits et 1 fruit, en attendant la suite (pas avant 6 H 30). Puis nous avons fait 2 parties de Yam (nous nous étions quand même un peu préparés), mais ça n'occupe pas beaucoup l'esprit tout ça.

Je suis allée emmener nos poubelles et là il faut que j'en parler parce que c'est ahurissant ! Chaque jour, nous avons une quantité folle de barquettes en plastiques, avec 1 fourchette par repas. Nous ne pouvons pas faire autrement, mais je trouve tellement dommage tous ces plastiques… Nous ne prenons plus les verres, ni les petites cuillères car nous nous servons de ceux de l'hôtel.

Ensuite nous les lavons, dans le seul lavabo de la salle de bain, qui me sert à laver nos petites culottes et à brosser nos dents. Pas de produit pour nettoyer le lavabo ni torchon d'ailleurs.

Il est vrai que côté ménage, nous ne somme pas beaucoup équipés. Hier je suis allée chercher 1 ballet de sorcière, qui sert aux 2 étages et était tout trempé, pour balayer la terrasse. Je n'ai pas osé nettoyer notre chambre avec ce balaie, mais ça aurait été bien.

Je fais un peu de linge chaque jour, pour éviter l'engorgement sur la barrière, le repose valises (car nous n'avons pas d'étendage, donc c'est système débrouille).

Il y a de plus en plus de moustiques depuis notre arrivée. Il y a de l'eau stagnante sous les lames de bois de la terrasse. Alors aujourd'hui, comme il y en avait beaucoup, je suis allée voir si nous pourrions avoir des tortillons. Heureusement, 2 personnes de l'équipe médicale étaient là, et m'ont proposé d'aller en acheter pour moi (avec allumettes et assiette, car c'est tout bête, mais sans ces accessoires, pas possible de les allumer). J'en ai aussi parlé à mes voisins de chambre, qui souffraient eux aussi de ce problème.

Après notre petit déjeuner, dont la composition reste désolément sans aucune originalité et invariablement le même, nous sommes allés faire un tour dans le jardin où nous avons rencontré un jeune couple de soignants charmants. Ils viennent s'installer au fenua pour quelques années et du coup, prennent leur mal en patience.

D'ailleurs à ce sujet, rien ne m'énerve plus qu'on pense à ma place. Les gens sur les réseaux sociaux, ne comprennent pas que des personnes confinées le vivent mal, tout comme l'un des 2 policiers venus vérifier que nous respections bien les gestes barrières (dehors dans le parc…) et qui m'a souhaité une bonne quarantaine. Peut-il n'y avoir que de bonnes quarantaines ? Le discours était bien formaté, et il n'y pouvait rien, pris dans le système, mais non, ce n'est pas pour moi une bonne quarantaine. Je souffre d'être confinée pour rien (ni malade, ni délinquante) et retenue contre mon gré (même si nous avons été obligés de signer des papiers pour nous engager à… nous soumettre à… être dans l'obligation de …). Donc ça m'agace profondément venant de personnes qui ne sont pas confinées. Et puis chacun est différent, chacun à encore le droit de ressentir les choses différemment et de l'exprimer.

Il faut savoir que strictement aucune activité ne nous est proposée, c'est pire qu'en prison ou en hôpital psychiatrique. Il y a même des lieux d'isolement où le travail était obligatoire… parce que faire quelque chose occupe l'esprit et évite de penser, de broyer du noir, d'autant plus que nous avons bien peu de relations sociales.

J'ai lancé à 7 H30 une idée d'atelier chant (pour éviter le mot chorale synonyme regroupement) tous les jours à 9h dans le jardin (à l'aide d'une affiche), mais ce matin, personne… En dehors du fait qu'il n'y a peut-être pas de chanteur, ou que mon info datait d'1H30 avant le début de l'atelier, j'ai l'impression que les gens se renferment un peu dans leur chambre. Est-ce par peur d'être confrontés au virus et de ne pas pouvoir sortir au bout des 14 jours, ou un repli embryonnaire en situation de souffrance ?

Nous avons dormi un peu, et plus peut-être… et avons regardé un film. Il faisait hyper chaud sur la terrasse et dehors, du coup nous sommes restés planqués à l'intérieur, avec la clim.

Un petit apéro avant le dîner. Ce soir les lasagnes délicieuses étaient malheureusement froides, et le taboulé immangeable avait un drôle de goût. Quant aux fruits (ou on a des fruits depuis 3 jours) les papayes n'étaient pas mûres.

Depuis quelques jours, il y en a qui font la bringue juste au- dessus de chez nous, ça rigole fort et ça fume. Pas très agréable…