Article 52 : A 50 ans j'ai pris ma retraite... la suite

Publié le par Meggy de Génissieux

Article 52 : A 50 ans j'ai pris ma retraite... la suite

Chapitre 5 : Bilan de 25 ans dans l'Administration

 

La Fonction publique est une vraie prison dorée. Difficile de s'en évader car le poids de la culpabilité est terrible. Je pense en disant cela à tous les clichés, parfois exagérés, parfois si vrais : la planque, les horaires aménagés, les facilités horaires, le nombre de jours de congés, le salaire garanti tous les mois. Tout le monde est formaté pour ne rêver qu'à cela ! Toutefois, l'envers du  décors c'est que le jour où vous voulez en sortir, vous êtes catalogué comme nanti, les autres vous empêcheraient d'en sortir, quand bien même vous arriveriez à vous raisonner.

"N'aie pas peur, ce n'est pas si terrible dehors, d'autres y vivent, y prospèrent, dont certain plus librement."

Il y a très peu de manières d'en sortir toutefois : la démission, mais attention, tout est prévu pour que vous ne veniez pas gréver le budget de la société, donc pas de chômage ;  la disponibilité (pour réaliser votre projet), mais cela doit marcher tout de suite, car là encore, aucune ressource, aucun salaire ni chômage ne sont prévus  ;  la retraite ; et la mort.

Jalousée, critiquée tout en étant convoitée, tout est fait pour descendre le fonctionnaire, et l'envier à la fois.

Et puis, travailler dans la fonction publique territoriale en particulier, ce n'est pas si simple. Les cadres doivent être constamment maléables, en fonction des politiques au pouvoir. Et pour compliquer les choses, le législateur fait co-exister 2 formes de hiérarchie, le pouvoir de votre chef avec celui de votre élu de référence. Lorsque les 2 s'entendent bien, c'est relativement facile. Mais ils n'ont pas toujours la même vision des choses. Les cadres de la haute essaient donc constamment de garder leur pouvoir, c'est ça aussi la continuité du service public, quels que soient les politiques en place. Et lorsque vous, petit chef, voulaient réellement donner le pouvoir à votre élu, vous pouvez traverser une passe délicate.

Car il y a des élus, qui prennent réellement leur place, investissent leur mission, la mission pour laquelle vous, en tant que citoyens, les avez élus, et il y a des élus qui ne comprennent pas ce qu'ils font là et laissent les techniciens décider pour eux. Cela arrive souvent.

Quand vous pensez donc que les élus décident, ce sont peut-être des techniciens qui ont subrepticement et astucieusement conduit les élus à prendre leur décision, ce peut-être le voisin que vous détestez, celui qui s'est présenté aux dernières élections contre celui qui a été élu, des citoyens lambda, comme les autres, la vraie démocratie quoi ! Ben ce n'est tout de même pas très démocratique cette prise de pouvoir.

Les fonctionnaires sont parfois  juges et parties. Ils sont chargés de veiller à la mise en œuvre de la politique de leur structure, et à la fois chargés de faire des propositions aux élus.

J'en ai côtoyé qui ne s'embêtaient pas à proposer plusieurs versions, plusieurs pistes de réflexion aux élus. Ainsi la "seule proposition acceptable" c'est-à-dire amenée avec la logique technicienne, personnelle, qui ne prend pas toujours en compte l'intérêt des citoyens est acceptée.

On fait souvent des conventions dans les collectivités, pour normalement, préciser comment et à quelle destination sera utilisée l'aide financière accordée à un tiers (souvent associatif). Mais dans la réalité, beaucoup ne se soucient pas de ce que devient l'euro du peuple. C'est toutefois un peu plus rare aujourd'hui qu'il y a 20 ans.

Je me rappelle de ce chef de service qui a découvert 3 ans après son arrivée, l'existence d'une convention avec une association qui ne rendait absolument pas de comptes… et même rusait un peu…

Et puis, il y a les grands "dadas"  les grandes lubies. On se gargarise de nouveaux mots de nouveaux concepts, pour essayer de réduire les dépenses (tendance exacerbée depuis une bonne quinzaine d'années) d'enrayer les dysfonctionnements, les nouvelles méthodes de travail, qui font rire tout le monde.

(participatif, méthodologie de projet, transversalité, bilans, chartes, schémas, imprimantes et véhicules partagés… beaucoup d'humour). Les partenaires ne sont pas dupes, subissent.

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